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Fossiles et légendes

FOSSILES ET LEGENDES


Les fossiles, coquilles ou squelettes d'animaux, ont intrigué les hommes de tous temps et ont fait l'objet de leur admiration, de leur étonnement et de leur imagination.
Dès la préhistoire, nous retrouvons des fossiles décoratifs ou pour d'autres utilisations légendaires.
Des fossiles ont été découverts dans les grottes d'Arcy-sur-cure et en ornementation dans des sépultures dans la grotte de Grimaldi.
De ces objets de pierre vont naître des histoires plus ou moins bizarres qui perdureront jusqu'à l'explication de leur provenance par les paléontologues.

De nombreuses légendes ont été bâties sur la découverte de restes de dinosaures:
Les chinois utilisaient des os ou des dents de dragon pour différentes maladies.
Dans la grèce antique des représentations d'animaux, mi-lion mi-oiseau ressemblent à des protocératops (dinosaures à bec).
Au 17ème siècle, un os trouvé en Angleterre était attribué à un géant (mégalosaure).
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Légendes des faluns

Un jour, le géant Gargantua se promenait avec ses frères, l'un d'eux secoua ses énormes bottes pleines de poussière, laquelle retomba sur la région et donna le «falun».
Une autre légende tourangelle   raconte que pendant le déluge, un géant monta dans l'arche avec Noé et sa famille. Quand il descendit, il avait encore aux pieds la poussière d'avant le déluge; il la répandit sur terre: ce fut le falun et ses coquilles.
Personne ne connaît l'origine bizarre de "falun", donné à des sables contenant en abondance des débris d'organismes calcaires datant du Néogène. fossile099.jpg
Les faluns ont été la source, jusqu'au 19ème siècle, d'une littérature abondante et très fantaisiste quant à l'origine de leurs innombrables coquilles.

En Touraine, on leur attribue des légendes très particulières.

Un seigneur voisin de Chinon vit, dans le lac de son parc, des fossiles germer et pousser comme des plantes. Il l'écrivit, ce qui déclencha de vives controverses.
Voltaire prit parti pour la génération spontanée des fossiles.
Les naturalistes Réaumur et Buffon visitèrent les falunières et comprirent leur origine: cela avait été un golf marin.
Par la suite, de nombreuses études furent faites sur cette étonnante région.

Rites autour d'une falunière

Pour ouvrir une carrière de falun, le propriétaire, entouré de sa famille, faisait bénir le banc à coquilles par un prêtre; alors le déblaiement commençait. Lorsque le creusement atteignait une nappe d'eau, on la bénissait à nouveau, les assistants se signant en y trempant les doigts et l'on distribuait des gâteaux. Les plus jolies coquilles étaient utilisées pour décorer des boîtes et des croix. Enfin, aux plus grosses, percées à l'ouverture, les femmes suspendaient leurs aiguilles à tricoter.

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Autres histoires des faluns

Connus depuis des siècles, bourrés de débris de coquilles, les sables de Touraine appelés « faluns » ont un grand pouvoir sur l'imagination des habitants de la région, comme sur celle des naturalistes d'autrefois.

La «  clé au clocher »

Dans la région à vignobles de Touraine, on suspendait une grosse coquille des faluns, cône, murex ou cérithe, à la clef de la cave ou du cellier pour les distinguer; on l'appelait alors la « clé au clocher », clocher étant le nom populaire donné à ces coquilles allongées et pointues.
Nommées encore « crouas », leur possession était liée à la superstition et défendue avec méfiance.
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Les dents de squales

Les dents de squale étaient des langues pétrifiées des serpents de l'île de Malte, utilisées pour guérir les morsures de serpent, les vomissements et les fièvres malignes.
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Pline l'Ancien pensait que ces
fossiles tombaient sur la terre
durant les éclipses de lune.
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Au Japon, les dents de Carcharodon étaient des ongles du pouce de l'homme de Tengu, un lutin des montagnes.

Des oiseaux et des hommes

De nombreuses dents de squales de tailles diverses se trouvent dans les faluns. Elles étaient souvent prises, jusqu'au début du XXe siècle, pour des dents d'êtres humains. On expliquait facilement que les hommes actuels n'en aient plus de pareilles: « c'est qu'ils ont bien changé depuis ce temps-là ».

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Dans une région voisine, on y reconnaissait plutôt des becs d'oiseaux en les réunissant deux par deux.
Quant aux dents rondes et noires du palais du poisson Lépidotes ( les fameuses crapaudines), c'était de toute évidence les yeux de ces mêmes oiseaux.
En 1667, Niels Steensen ( Nicolas Sténo) trouva un requin mort et comprit qu'il s'agissait de dents de requin.

De belles batailles

 Il existe aussi dans les faluns des os et des dents de gros vertébrés.
Les vieux tourangeots racontaient qu'autrefois des géants s'étaient battus avec des animaux énormes qui dévoraient tout:
«cela avait dû être de belles batailles tout de même».

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AUTRES LEGENDES

Les ailes pétrifiées

En Chine, les coquilles fossiles de certains brachiopodes ( spirifer ) sont appelées «Shiy yen» ( pierres à avaler) et servent encore en médecine.
Selon l'ordonnance qui les accompagne, une fois broyées, puis cuites dans un pot d'argile, elles soignent rhumatismes, cataracte, anémie, problèmes digestifs...
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L'ambre

L'ambre a toujours occupé une place privilégiée depuis l'Antiquité: urine de lynx durcie, «suc des rayons du soleil», larmes des oiseaux méléagrides ou celles des Nymphes changées en peupliers et pleurant Phaëton foudroyé, écume de mer.

On le nomma Electrum (d'un des noms du soleil,Elector), ou encore Succin, en le croyant fondu par les rayons du soleil et solidifié par la mer.

Ses propriétés médicinales innombrables auront cours jusqu'au XVIIIième siècle.

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L'ambre, disait un chroniqueur, « est bon pour les larmes des yeux, pour le cœur, pour les maladies du cerveau, pour la courte haleine, pour le calcul, pour l'hydropisie, pour le flux de sang, pour le mal de dents, pour les mois de la femme, pour l'enfantement, pour la goutte, pour l'épilepsie, pour les catarrhes, pour les maux des jointures, pour l'estomac, pour la peste, pour les épouvantements de nuit,….il résiste au venin et arrête les hémoragies,... ».

Les étoiles de pierre

Saint Cuthbert se serait reposé sur une roche et aurait fabriqué ces perles appelées Saint Cuthbert's Beads:
les segments de lys étant perforés et utilisés pour fabriquer des chapelets.

Les   tiges de crinoïdes fossiles aux sections étoilées furent remarquées dès l'antiquité et reçurent le nom de « pierre stellaire ».

«Pendues dans une chambre, elles empêchent que les animaux venimeux n'y viennent, comme les araignées».

En Italie, ces mêmes fossiles étaient utilisés jusqu'à la fin du XIXième siècle sous l'appellation de « pietra stallaria », suspendues en amulettes, pour protéger les enfants contre les maléfices et la vermine.

Elles étaient également utilisées comme antidote   pour les poisons.

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  Les bélemnites

En raison de leur forme, on a cru que les bélemnites étaient formées pendant les orages, ce qui les faisait appeler « coup de foudre ». Des bélemnites perforées ont été découvertes sur un site archéologique datant de 20 000 ans en Russie.

Très recherchées par les apothicaires, les bélemnites soignent les cauchemars et les ensorcellements, guérissent les plaies, les pleurésies, nettoient les dents, débarrassent les chevaux des vers parasitaires ( il faut leur faire boire de l'eau où a trempé une bélemnite).
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On leur attribue également le pouvoir de soigner les rhumatismes et les blessures aux yeux des hommes et des chevaux: pour cela, on commence par broyer les fossiles et c'est la fine poudre ainsi obtenue que l'on souffle dans les yeux.

Les pierres stellaires

Les madréporaires (coraux) fossiles s'appelèrent longtemps «Pierre stellaire» ou «Astroïte» ; on en fit aussi des «agates sacrées», extraites de la tête d'un dragon des Indes.
Elles étaient censées guérir la peste, l'apoplexie, les maux de foie et des poumons et éloigner les animaux venimeux.

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Les griffes du diable

Ces «griffes du diable», très crochues auraient été perdues par le maître du mal quand il courait après les âmes perdues.

En posséder un exemplaire garantissait de l'arthrite et autres maladies osseuses. Le principe de l'effet curatif résiderait dans le fait que l'huître est toute contorsionnée et la magie sympathique allierait le mal sur la gryphée et non plus sur la personne qui la détenait.

En Angleterre, l'huître fossile Gryphaea arcuata s'appelait «griffe du diable».

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blason de la ville de
Scunthrope

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Elle est désignée comme « griffe du diable » ou « ongle de pied du diable » car elle a une forme pointue et recourbée, et sa surface recèle des stries d'accroissement comme les ongles.

  Les vis de pierre

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Il s'agit en fait de moulages internes de gastéropodes fossiles.
Il peut s'agir aussi d'empreintes de tiges de crinoïdes conservées dans les terrains du Paléozoïque.

En Angleterre, ces mystérieuses perforations étaient appelées « screwstones ».

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Les pierres magiques

Les oursins ont donné lieu à de nombreuses croyances, ils ont été considérés comme des cœurs d'enfants pétrifiés ou des pierres tombées du ciel.

Une légende les considère comme porte bonheur si on les place sur le toit des maisons.

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En suivant l'étoile de la nativité Balthazar aurait rencontré une jeune femme. Pour le rappeler à la raison l'étoile s'inscrivit sur les rochers de la région.

   Vers 650 avJC. En Judée, Les piquants d'oursins servaient de porte bonheur.

Selon certaines légendes, les oursins fossiles étaient des pierres tombées du ciel pendant un orage.
Selon d'autres c'étaient des balles d'écume durcie produites, au solstice d'été, par des serpents enlacés. Si on arrivait à les attraper, elles transmettaient les pouvoirs magiques qu'elles possédaient.

En Angleterre, deux oursins jouent un grand rôle dans le folklore.
Echinocorys scutata, du crétacé, trouvé en abondance par les bergers sur certaines zones de pâturages, il a une forme en casque sur lequel les zones ambulacraires rappellent la décoration de la couronne anglaise médiévale; on l'appelle « couronne des bergers ».
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Micraster coranguinum, oursin classique de la craie, appelé autrefois « pain des fées » a le pouvoir de garantir à la maison qui le possède de ne jamais manquer de pain.

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Dans le sud de l'Angleterre, des oursins fossiles sont placés sur les étagères des laiteries pour empêcher le lait de tourner.

Les druides pensaient que les oursins étaient des œufs de serpents.
Ils pouvaient être volés la veille du milieu de l'été mais devaient être conservés sur un tissu pour conserver leur puissance magique. Ils protégeaient leur propriétaire contre les poisons et autres vapeurs mortelles.

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A Malte on les appelait aussi «les seins de Paul» parce que parfois on les trouvait par deux.

Des tribus locales de l'Inde les nomment «Khada de punchu» qui signifie «la pierre du cinq».

En Jamaïque un oursin «Eurhodia», trouvé en abondance, est appelé « pierre chanceuse ».

Des oursins disposés en cercle autour d'une tombe ont été découverts dans la région de Londres.

En Algérie également, des oursins ont été trouvés dans un site Néolithique.

Les ammonites

L'origine des ammonites a suscité de nombreuses interrogations, leur ressemblance avec les cornes du Dieu égyptien Ammon « la corne d'Ammon est faite comme une corne de bélier repliée sur elle-même et semble quelquefois recouverte d'une armure d'or ».

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Les ammonites seront utilisées par les magiciens pour faire apparaître «des visions en dormant».

Dans quelques îles du nord de l'Ecosse, l'ammonite appelée «crampstone» passe pour guérir les crampes des vaches.

Au Moyen Age, on les prend pour des serpents enroulés, queue au centre, sans tête, ce qui vaut leur nom de « snakestones » en Angleterre.

 En Charente, la grotte de l'ammonite présente des ammonites percées de petits trous.

Les indiens tout comme les grecs donnaient aux ammonites des pouvoirs guérissant.

Les peuples de l'Himalaya transportaient des ammonites appelées « roues de dieu » sur les sommets pour y vénérer leurs dieux.

Une légende du Yorkshire, plus précisément de Whitby, en fait d'anciens petits serpents à qui sainte Hilda aurait fait perdre la tête.

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blason de la ville de
Whitby

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 L'abbesse avait décidé de construire une église sur un terrain infesté de serpents. Par ses prières tous les serpents furent transformés en pierre après avoir perdu leur tête.

En souvenir de la légende, les ammonites à tête de serpent figurent sur les armes de la ville de Whitby, patrie de sainte Hilda.

Les chevaux de pierre

fossile063.jpg Ce fossile est en réalité le moule interne d'un coquillage appelé Myophorella dont la coquille a disparu. Le mollusque qui y vivait était semblable à une huître, avec ses deux valves retenues par un muscle puissant.
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Ce dernier laissa une marque circulaire de chaque côté, que Robert Plot ( 1640-1696) interpréta comme des yeux.
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Avec beaucoup d'imagination, il vit aussi deux oreilles et une crinière et déclara qu'il s'agissait d'un essai de la vis plastica de la terre pour produire une tête de cheval.
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   Les insectes de Dudley

 Les trilobites ont été remarqués dès le Paléolithique supérieur.

Ils sont eux aussi l'objets du folklore anglais: les Calymènes, souvent enroulés comme des cloportes, sont très communs dans le calcaire de Dudley, d'où l'on a commencé à les extraire au XVIIième siècle, les baptisant « insectes de Dudley ».

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blason de la ville de
Dudley

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Les pierres de crapaud



On croyait jadis que les dents fossiles en forme de bouton ( Dorade, un poisson du Miocène), provenaient de la tête des crapauds, d'où leur nom de crapaudines, ou de «pierre de crapaud».

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En Europe, au Moyen Age, on prêtait aux crapaudines ou « bufonites » le pouvoir de guérir les empoisonnements et l'épilepsie.

Pour être efficaces, les crapaudines, en réalité des dents fossiles de poisson devaient être extraites de la tête d'un vieux crapaud vivant.
Celui-ci était censé expulser ses pierres si on le posait sur un tissu rouge.

Légende des crapaudines

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Les pierres figurées

créatures enfouies par Dieu ou le Diable?




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D'après une légende, certains paysans de la région de Brattenbourg, en Suède, avaient naguère découvert un trésor. Aussitôt trouvé, aussitôt dilapidé car ces personnes dépensèrent sans compter leur fortune alors que la peste faisait de nombreuses victimes dans le pays. Les pièces maudites, pétrifiées, frappées d'une tête de mort, rappellent cet acte abominable.



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Il s'agissait en fait d'un brachiopode appelé Crania craniolaris

A partir de ces légendes, nous avons monté une exposition qui a été présentée pour la première fois au centre de stockage de l'Andra dans la Manche de juillet 2006 à juin 2007.

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Date de création : 07/02/2022 18:56
Catégorie : Vos fiches - Fossiles et légendes
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